La participation du Sénégal aux Jeux africains de la jeunesse, organisés à Luanda du 10 au 20 décembre 2025, s’est transformée en un véritable parcours du combattant pour les athlètes et leurs encadrements.

Dès l’entame de la compétition, une série de défaillances graves, tant administratives que logistiques, a compromis la préparation, la performance et la dignité de la délégation sénégalaise, exposant au grand jour une gestion approximative du sport de haut niveau.
Le premier signal d’alarme est intervenu dès le départ de la première vague, programmée dans la nuit du jeudi 11 décembre, soit 24 heures après le démarrage officiel des Jeux. Cette délégation réduite, composée de deux athlètes et d’une entraîneure, a voyagé avec Turkish Airlines.
Arrivés en Turquie, ils ont été empêchés d’embarquer pour Luanda en raison d’un problème de visa non résolu en amont. Cette situation a contraint les responsables à improviser un nouvel itinéraire, via Addis-Abeba, avant de rejoindre l’Angola.
Les athlètes ont ainsi quitté le Sénégal le jeudi nuit pour n’arriver à Luanda que le samedi à 10 heures du matin, après près de deux jours de voyage continu, dans un état de fatigue incompatible avec toute exigence de compétition internationale.
La deuxième vague, plus importante, n’a pas connu un sort meilleur. Prévue pour quitter Dakar le vendredi 12 décembre à 20 heures par un vol Fly Emirates, cette délégation de 50 personnes a été confrontée à un grave dysfonctionnement à l’Aéroport International Blaise Diagne.
Il a été constaté, à la dernière minute, que les réservations de billets effectuées par le ministère des Sports n’avaient pas été confirmées. Dans une atmosphère de tension extrême, 43 billets ont été validés à seulement cinq minutes de la clôture de l’enregistrement, laissant 7 athlètes sur le carreau.
Ces 7 athlètes, dont 6 handballeurs et 1 athlète en athlétisme, ont finalement été réacheminés 9 heures plus tard, à 3 heures du matin. Leur voyage s’est effectué via un itinéraire particulièrement éprouvant : Dakar – Pointe-Noire – Congo-Brazzaville – Angola.
Ils ne sont arrivés à Luanda que ce dimanche à 11h30, heure locale, après un périple excessivement long, physiquement et mentalement éprouvant, à la veille des compétitions.
Comme conséquence directe de ces multiples changements de vols, les 7 handballeurs n’ont pas pu récupérer leurs bagages à l’arrivée. Or, leurs tenues et maillots de compétition se trouvaient dans ces valises, les plaçant dans une situation critique dès le début des épreuves, sans équipements adaptés.
Ces retards cumulés ont entraîné des forfaits lourds de conséquences. Le badminton n’a pas pu participer, les compétitions étant déjà achevées à l’arrivée de la délégation.
La natation, bien que présente, a manqué plusieurs épreuves majeures de ses athlètes, réduisant considérablement l’impact sportif de leur participation.
À ces défaillances s’ajoutent des conditions d’accueil indignes. Sur le site de la compétition, l’ensemble de la délégation sénégalaise a été logé dans un seul centre, avec seulement 2 chambres mises à disposition : l’une regroupant 36 hommes, athlètes et encadreurs confondus, l’autre accueillant 24 femmes.
Une promiscuité extrême, aggravée par l’absence d’eau dans les toilettes et l’inexistence totale d’accès à Internet, compromettant le repos, la récupération et la préparation mentale des sportifs.
En définitive, cette participation s’apparente à un échec majeur et systémique. À la date du dimanche 14 décembre, plusieurs délégations sénégalaises, notamment en athlétisme, judo, natation et aviron, étaient encore en transit, alors que les compétitions avaient débuté depuis 5 jours. Ce retard structurel a anéanti des mois, voire des années de préparation.
Le sport de haut niveau ne tolère ni improvisation ni amateurisme. Ce qui s’est produit à Luanda porte gravement atteinte à l’image du Sénégal sportif.
Une prise de responsabilité claire, une évaluation rigoureuse des manquements et des mesures correctives immédiates s’imposent, faute de quoi ces dérives continueront à saper la crédibilité du sport sénégalais et à décourager toute ambition de performance internationale.