
À la veille du scrutin pour la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), prévu ce samedi 2 août, les lignes continuent de bouger.
Alors que 7 candidats étaient officiellement en lice, le retrait de Me Moustapha Kamara ce jeudi, au profit du président sortant Me Augustin Senghor, vient redessiner les contours d’une élection à haute intensité stratégique.
Mais malgré ce ralliement de dernière minute, la perspective d’un second tour demeure hautement probable.
Cette multitude de candidatures révèle deux dynamiques parallèles : d’une part, une série d’ambitions individuelles, portées par des figures convaincues de leur légitimité, quitte à morceler le champ électoral ; d’autre part, une aspiration profonde au changement, après plus de quinze années de gestion sous l’ère Augustin Senghor.
Ce double mouvement, entre volonté de rupture et guerre de positionnement, traduit un moment charnière pour le football sénégalais.
Le mode de scrutin ne fait qu’accentuer cette complexité. Pour l’emporter dès le premier tour, un candidat doit obtenir 345 voix sur 517, soit les deux tiers des suffrages exprimés.
Un seuil difficile à atteindre dans un paysage aussi fragmenté.
Il faudrait une candidature véritablement fédératrice, capable de réunir une large majorité dès le départ. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, malgré le poids de certains candidats.
En effet, si Augustin Senghor, Mady Touré et Abdoulaye Fall se détachent comme les trois favoris de cette élection, les autres candidats, en l’occurrence Oumar Ndiaye, Aliou Goloko, Titi Camara, et jusqu’à hier Me Moustapha Kamara, disposent chacun d’un réseau propre, souvent enraciné dans des bases régionales, sectorielles ou affinitaires.
Individuellement, leur poids électoral reste limité à mes yeux (entre 10 et 30 voix estimées pour chacun), mais leur impact collectif pourrait devenir déterminant au second tour, à travers des reports de voix ou des alliances négociées.
C’est là que réside l’enjeu : dans un scénario où aucun candidat ne franchit les 300 voix au premier tour, les 50 à 80 voix que pourraient cumuler les « petits » candidats deviendraient le véritable levier du second acte.
Ils seront courtisés, sollicités, parfois conditionnés à des contreparties en vue d’une intégration dans la future gouvernance.
Le retrait de Me Kamara au profit de Me Senghor constitue donc un premier coup stratégique. Il renforce la base du président sortant, mais ne règle en rien l’équation de fond : aucun camp ne semble en mesure de verrouiller le jeu dès le premier tour.
En somme, les dés sont jetés, mais le match reste ouvert. Et comme souvent dans le football, c’est dans les prolongations, ici le second tour, que tout pourrait se jouer.
Par Boubacar Kambel DIENG
BKD