Bruno d’Erneville/ Président du PAC / Membre de la coalition Bunt-Bi

Une pause s’impose

L’euphorie d’après CAN a vite cédé la place à l’agitation sociale et à la torpeur gouvernementale. Un cocktail dangereux si je peux me permettre. J’interpelle très humblement le président de la République pour qu’il reprenne la main :

1/ La cohésion nationale : les transporteurs furent les premiers à poser des actes de grève décisifs qui firent plier le gouvernement. Certes ce fut avant la CAN mais l’exemple avait fait tache d’huile.

Le front de l’éducation (enseignants puis élèves, puis parallèlement) a pris le relais et a fini par un accord aux engagements financiers colossaux.

Dans la foulée la santé réclame ses droits longtemps bafoués selon les syndicats. Or l’on peut remarquer le manque d’autorité de nos ministres qui au mieux se font houspiller quand ils tentent de régler les problèmes et au pire sont aux abonnés absents quand leur département est en ébullition. Comment comprendre en effet que Madame Innocence Ndiaye, fût-elle président du Haut Conseil du Dialogue Social, aille au front des syndicats de Santé en l’absence totale de réaction du ministre de la santé ? Depuis une semaine les canons tonnent à nouveau en Casamance. Peu de commentaires, même pas celui du ministre de tutelle. On y déplore un soldat mort et des blessés. Nous présentons nos sincères condoléances aux jambaars et à la Nation. Quel triste tableau pour notre pays : même les mots des journaux révèlent le niveau de la fracture : « forces ennemies » dit-on parlant du maquis ! Doit-on le rappeler, nous ne sommes pas des ennemis ! Si les termes militaires peuvent manquer de nuances, nous autres devrions faire la part des choses. Nous sommes des frères de même sang. Monsieur le président il faut réhabiliter ceux qui sont sous mandat d’arrêt international comme Mamadou Nkrumah Sané et Salif Sadio puis désigner un groupe de contact renouvelé. Ce travail qui eût été approprié pour des parlementaires, nous devrons désormais le faire avec des volontaires. Mon entretien fraternel avec Mamadou Nkrumah Sané quelques jours après les évènements me laisse à croire qu’une éclaircie est possible par la grâce de Dieu. Je l’affirme donc clairement ici : par amour pour ma patrie et pour notre chère Casamance je me porte volontaire pour discuter y compris sur le terrain des opérations.

2/ La marche économique : le PSE a montré ses limites. Les projets pharaoniques n’ont pas généré les ressorts escomptés dans l’emploi, la réduction de la pauvreté, la production nationale de richesses. En conséquence nous vivons des violences domestiques, sociales (meurtres, viols, agressions etc.) chaque jour plus dures. Il faut de toute évidence changer de paradigme en recherchant l’efficacité budgétaire et en faisant focus sur des secteurs devenus essentiels : l’agriculture (création de coopératives et remembrement des terres pour une intensification de la production), le commerce et l’industrie en général.

Nous pouvons nous appuyer sur l’économie numérique et la restructuration de notre administration pour gagner en productivité. Enfin, le retour de notre diaspora est devenu une nécessité absolue dans un contexte mondiale en pleine mutation.

Certes le temps est court pour connaître la nouvelle répartition des forces à l’Assemblée Nationale, mais ce qui est sûr c’est qu’un nouveau rapport de force va s’établir en faveur d’une opposition mieux représentée voire majoritaire. Dans l’un des cas un gouvernement d’ouverture sera nécessaire, dans le second, nous vivrons une cohabitation.

En attendant, me semble-t-il un renouvellement urgent de votre gouvernement devient nécessaire. Si nous voulons stabiliser tout au moins la situation qui prévaut il vous faut des techniciens capables de prendre des décisions efficaces, dénuées de calculs politiciens. Le jeu en  vaut la chandelle.

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