Allocution de M. Luc Lecuit
Adjoint au Directeur des Opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau et Cabo Verde

Monsieur le Premier Ministre
Monsieur le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement
Monsieur le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime
Monsieur le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique
Monsieur le ministre des Collectivités territoriales, de l’Aménagement et du Développement des territoires
Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France au Sénégal
Monsieur le représentant de la COP27
Monsieur le Président de CODATU
Monsieur le Président de Climat Chance
Mesdames et messieurs les représentants des partenaires au développement
Mesdames, Messieurs
C’est un grand honneur pour moi de prendre la parole, au nom du Groupe de la Banque mondiale, à l’ouverture de la Semaine de la mobilité durable et du climat. Permettez-moi tout d’abord de remercier le CETUD, la CODATU et l’Association Climate Chance pour l’organisation de cet évènement. Cette rencontre offre un cadre privilégié pour un dialogue fructueux entre les différents acteurs sur les enjeux de la mobilité durable et son importance pour l’action climatique en Afrique. Elle représente aussi une étape importante dans la préparation de la Conférence des Parties de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) qui aura lieu en Egypte le mois prochain.
Comme vous le savez, les enjeux du développement et du changement climatique se déclinent dans toutes les politiques de transport, mais ils sont encore plus tangibles dans la problématique de la mobilité urbaine en Afrique, dont vous allez débattre cette semaine.
De nombreux pays africains, dont le Sénégal, connaissent et vont connaitre en effet une croissance rapide de la population urbaine, générant des besoins de mobilité accrus et une motorisation exponentielle. Ainsi, d’ici 2050, la population des villes africaines devraient augmenter d’environ 950 millions de personnes, entraînant congestion croissante et augmentation des émissions globales et locales. Par ailleurs, les défis de la planification et du développement urbain sont des déterminants clés pour la vulnérabilité des populations aux risques naturels. Dans le cas du Sénégal et de Dakar en particulier, les inondations sont devenues une réalité fréquente au cours des dernières décennies, comme les pluies abondantes des derniers mois nous l’ont rappelé.
Cependant, ces défis pour les villes africaines sont aussi porteurs d’opportunités pour permettre un développement urbain structuré, inclusif, résilient et limitant les émissions de gaz à effets de serre. Dans les villes africaines où le taux de motorisation est encore faible, la mise en œuvre d’une stratégie globale de mobilité urbaine promouvant les zones d’activités mixtes, les mobilités actives, les transports publics et, en particulier, les transports de masse permettrait non seulement une amélioration des transports, mais également, une structuration du développement urbain. Dans le cadre de cette stratégie, l’électrification des transports publics pourrait aussi ouvrir la voie à la décarbonisation des transports à grande échelle et ainsi une limitation des problèmes de santé liées à la pollution.
C’est dans ce contexte que le Sénégal bénéficie de l’appui de plusieurs de ses partenaires pour la mise en place d’une stratégie de développement d’une mobilité urbaine inclusive, résiliente et à faibles émissions. Vous comprendrez que je cite, à titre d’exemple, le projet pilote de Bus Rapid Transit (BRT) de Dakar, financé par le budget national, le Groupe de la Banque mondiale et la Banque Européenne d’Investissement. Il s’agit, en effet, d’un projet phare de cette stratégie, avec un système de transport de masse transformateur au cœur de la ville, et pour lequel la gestion des inondations et la résilience au changement climatique ont été au cœur de la conception. Le BRT, inclus dans le Plan Sénégal Emergent a été identifié comme un élément clé dans la Contribution Déterminée au Niveau National du Sénégal pour la réduction des Gaz à effet de serre, grâce en particulier à l’utilisation plus importante du transport en commun qu’il permettra. De plus, le BRT qui utilisera pour la première fois en Afrique une flotte de bus électrique contribuera à une réduction importante de ces émissions estimées à deux millions de tonnes équivalent CO2. Enfin ce projet sert de catalyseur au nouveau projet de restructuration des transports urbains, soutenu par des partenaires de développement comme l’AFD, la BEI et l’UE, qui doit financer infrastructures et services de transport public autour des axes de transport de masse que sont le BRT et le TER.
Cet exemple montre l’importance d’une stratégie globale, intégrée et multi-sectorielle. Il montre aussi l’engagement de tous les partenaires au développement, à vos côtés, vous, les acteurs de la mobilité urbaine, pour contribuer aux financements nécessaires à cette transition.
Au-delà des financements de projets de transport, les partenaires au développement apportent aussi leurs appuis pour faciliter l’élaboration de politiques et le renforcement des capacités dans le secteur des transports en Afrique, notamment à travers le Programme de politiques de transport en Afrique (SSATP) qui a fait de la décarbonisation et de la digitalisation du secteur des transports en Afrique l’axe majeure de son quatrième plan de développement pour la période 2021-2025.
Je voudrais vous souhaiter une excellente Semaine de la mobilité durable et du climat, riche d’échanges qui nous permettront d’avancer, j’en suis persuadé, tous ensemble, vers une décarbonisation du secteur des transports, une mobilité urbaine plus durable, plus inclusive, plus sûre et plus résiliente.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
Dakar, 4 octobre 2022